jeudi 3 novembre 2011

Anonymous



Et si Shakespeare n'était pas le talentueux, que dis-je, l'extraordinaire auteur que nous connaissons aujourd'hui? Et si Shakespeare n'avait pas écrit les 37 pièces et les 152 sonnets qui l'ont rendu si célèbre? Que se passerait-il si Shakespeare n'était qu'une simple couverture, une coquille vide, pour couvrir le véritable auteur?

C'est sur le thème très controversé de la paternité (c'est tellement plus simple, authorship...) des œuvres de Shakespeare que se base l'intrigue d'Anonymous, le nouveau film d'un Roland Emmerich qui ne nous avait pas habitué à un tel registre (Le jour d'après) et qui pourtant livre ici un long-métrage fin, élégant, fascinant et complètement captivant. Eh non, je ne pèse pas mes mots. J'ai vraiment été enthousiasmée par ce film, tant pas par la réalisation d'Emmerich mais plutôt pour le merveilleux scénario de John Orloff. Plusieurs théories balancent la possibilité que Shakespeare ne soit pas l'auteur de son Œuvre avec un grand « o ». Certains l'attribuent à Bacon, d'autres à William Stanley, Marlowe ou, enfin, à Edward de Vere, comte d'Oxford. Anonymous s'intéresse au cas du compte d'Oxford qui, dès son plus jeune âge, écrivait poèmes et pièces à la cour de la jeune reine Elisabeth I. 
 
Le film commence au théâtre, avec une très bonne mise en abîme. Sir Derek Jacobi qu'on ne présente plus, joue le prologue où il présente la pièce, pour doucement laisser place au XVIè siècle dans un fondu humain ingénieux. Par de complexes liens et allers-retour dans le passé, Anonymous nous explique comment et pourquoi de Vere avait besoin d'un écran comme William Shakespeare pour faire passer ses idées. Selon le premier, les mots sont l'arme la plus puissante qui soit. A l'heure où Elisabeth refuse de nommer un héritier, le peuple a besoin d'être éclairé, et ce par le biais du divertissement populaire qu'est le théâtre. Les intrigues de la cour, menées par la famille Cecil (conseillers de la reine), visent à mettre sur le trône James d'Ecosse, pour être sûr d'écarter le favori, le comte d'Essex. Ah la cour des Tudor! Que d'intrigues, que de manigances, c'est toujours aussi excitant. De Vere, au génie sans limite, lui aussi tentera par le pouvoir des mots de jouer de son influence. Pour cela il se tournera vers Ben Johnson, autre dramaturge de l'époque. De Vere l'a choisi pour le représenter aux yeux du monde, sauf qu'un certain acteur du nom de Will Shakespeare tirera son épingle du jeu en sautant sur l'occasion de gagner de l'argent, et se proclamer l'auteur des pièces au succès fulgurant.

Rhys Ifans est tout simplement fantastique dans ce rôle de génie de la plume. On est à des années lumières du rôle qui l'a fait connaître : le coloc débile de Hugh Grant dans Notting Hill ! Cet acteur s'affirme encore une fois comme une valeur sûre du cinéma britannique, tout autant que le jeune Jamie Campbell Bower qui joue de Vere jeune. Une autre ingéniosité du film réside dans le choix d'Elisabeth. Vanessa Redgrave fait une reine très convenable, plus humaine que Judi Dench dans Shakespeare in Love, plus sensible; et quel choix plus logique que de prendre Joely Richardson, sa propre fille, pour la jouer dans ses jeunes années. Comme c'est pratique, et comme c'est réaliste aussi!  

Et tout ce que je vous ai raconté n'est qu'une infime partie de tout ce qu'il se passe, parce qu'il y a la relation Elisabeth-de Vere, la relation famille Cecil-de Vere et bien sûr de Vere et sa relation à l'écriture. Mais je ne vous en dis pas trop non plus sinon il n'a aura plus de surprises. Si vous aimez un tant soit peu Shakespeare, l'Angleterre des Tudor, les films d'époques, foncez! Parce qu'en plus du spectacle et de la beauté des décors et du texte, ce film est empli de fortes émotions qui ne peuvent laisser de glace. Bon d'accord, les garçons, il y a des bagarres aussi, et de la nudité.

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