mercredi 18 mai 2011

Les dix mille désirs de l'Empereur




Ce roman nous est vendu comme un manuscrit inédit trouvé au fond d'une malle dans un musée. L'auteur nous livrerait ici une traduction. Chaque chapitre est une présentation d'un personnage particulier, un moment important voire décisif de la vie de ces personnages dont les vies sont liées. Ces hommes et ces femmes, de tous âges, sont à la recherche du plaisir. Une dizaine de destins s'entrecroisent, de la courtisane à l'Empereur de Chine. Ce qui les lie? Une petite « clochette birmane », instrument de plaisir qui va semer le trouble. Volée à l'Empereur, elle passera de mains en mains avant de devenir presque obsolète, pour son propriétaire initial en tout cas.

Parmi ces gens dont la vie sera chamboulée se trouve Droit Devant, qui va goûter pour la première fois aux plaisirs d'une femme et par qui l'histoire commence. Il y a aussi Senteur Douce, une prostituée frigide mais appréciée, la Tige de Jade de l'Empereur qui retrouve sa vigueur perdue, et Trois Marches, qui cherche désespérément à accomplir un Triangle. Chacun présente une vision différente du sexe, chacun agit selon des enjeux différents, comme Senteur Douce qui veut enfin éprouver du plaisir ou Lune Rousse qui veut plaire à celui qu'elle aime.

Le roman est certes ce qu'on peut appeler un étalage de fusions de Yin et Yang. Pourtant toute l'imagerie chinoise (la Tige de Jade, la Ravine de Cinabre, etc..) rend le texte poétique d'une certaine manière. C'est qu'ils ont le sens de la formule! On dépasse l'aspect cru des actions pour voir apparaître une certaine magie, un hommage au plaisir. Un plaisir vu comme un devoir, et même une source d'immortalité si pratiqué correctement. Au final on est charmé par la sensibilité des émotions ou des mots. Surtout, les personnages sont de plus en plus attachants à mesure qu'on les connait.

samedi 14 mai 2011

Deux villes, deux films

LA CRITIQUE ÉCLAIR




Par manque de temps, je vais vous présenter deux critiques en une. Les deux derniers films vu me tiennent à cœur, je ne voudrais pas passer à côté de leur présentation. L'avantage c'est qu'ils se recoupent, ça tombe bien. Chacun met en scène une ville particulière, ces deux films rendent hommage à Strasbourg pour le premier – Tous les soleils – et Paris pour le deuxième – Minuit à Paris, je suis sûre que vous ne vous en doutiez pas. Philippe Claudel a voulu rendre hommage à Strasbourg et Woody Allen à Paris. La preuve? Les longues scènes qui nous baladent au fil des rues, des places, des monuments (plus pour Paris, vous en conviendrez).

Tous les soleils – Strasbourg a des faux airs de Paris, ses habitants se baladent le long de l'Ill comme les parisiens le long de la Seine. Une certaine vision nous est donnée dans les films: les citadins qui attendent le weekend pour se retirer à la campagne ou passent leur soirées dans des caves à vins à déguster; ici, pareil. Ce film raconte l'histoire d'Alessandro, professeur en musicologie, père veuf, frère et lecteur dans un hôpital. Malgré une vie bien remplie, le vide laissé par la mort de sa femme ne se comble pas. Il va devoir gérer sa fille et sa crise d'adolescence, son frère anarchiste...travail, ami, répétitions...jusqu'à une rencontre qui va tout changer. C'est un petit bijou que Mr Claudel nous livre ici. C'est une comédie, dramatique on peut le dire, mais néanmoins rien ne tombe trop dans le sentimentalisme ou le tragique. On est triste avec eux, on rit avec eux. C'est un film dont on ressort ému. Comme à l'époque Little Miss Sunshine. Il y a peut être un monde entre les deux, mais l'émotion mêlée aux rires fonctionnait à merveille, tout comme pour Tous les soleils.


Minuit à Paris – Littéralement magique. En moins d'un an, Woody Allen sort son deuxième film, et il est de qualité. Gil (Owen Wilson) est un scénariste hollywoodien qui se lance dans l'écriture d'un roman. En vacances avec sa fiancée à Paris, il n'a de cesse d'exprimer son amour pour la ville et son rêve de s'y installer. Ils y rencontrent des amis, mais ennuyé par leur compagnie, trop superficielle et 'pédante', Gil profite de la ville seul, la nuit. Pour lui, l'âge d'or de Paris se situe dans les années 1920. Comme par magie, il sera conduit vers une époque de rêve où il va faire des rencontres qui changeront sa vie. De grands artistes (peut être même trop parfois), une source d'inspiration (Marion Cotillard), une chance de trouver sa voie, de retrouver un sens à sa vie. Pour l'anecdote, Carla Bruni (oui oui, mais sans Sarkozy) à un anglais à lire les sous-titres, et Gad Elmaleh à un rôle minuscule mais tordant. Woody Allen réalise un coup de maître, le film regorge de références littéraires et artistiques. Il a également reproduit les années 1920 et 1890 d'une façon exceptionnelle. On s'y croirait, comme dans un bon film d'époque. Entraînant comme un charleston.

vendredi 6 mai 2011

Thor


Thor, dieu nordique bien musclé, héros Marvel, ou petit homme vert de chez Stargate. En ce qui nous concerne, on va se cantonner à l'adaptation cinématographique du comic book de Marvel. Je connaissais les légendes nordiques, par contre le comics, pas vraiment. Je ne me lancerai donc pas dans une étude comparative, mais vous me pardonnerez sans aucun doute.

Par contre je connais bien Kenneth Branagh, et jamais je n'aurais pensé le retrouver dans la production d'un film de « super-héros ». (C'est comme de voir Rob Marshall, chorégraphe et réalisateur de comédies musicales, réaliser Pirates des Caraïbes 4; il y a quelque chose qui cloche). C'est donc une grande curiosité qui m'a poussé vers ce film. Au final, il maîtrise plutôt bien, même très bien la caméra. En habituée des ses réalisations « Shakespeariennes », j'ai été agréablement surprise, voire éblouie par sa réalisation sans fautes de Thor. On se demandait que pouvait faire cette immense réalisateur 'intimiste' et non estampillé blockbuster dans le registre des super-héros Marvel. Puis on se retrouve propulsé au Royaume d'Asgard, et là on comprend pourquoi Branagh s'est chargé de ce film. L'histoire de ce dieu impulsif et arrogant, exilé du royaume divin par son propre père pour lui inculquer quelques leçons rudimentaires de sagesse et d'humilité, est assez dramatique (au sens théâtral du terme) et tout à fait au niveau pour le CV de Branagh.

Thor est donc envoyé sur Terre où il rencontre Natalie Portman, la jeune et jolie scientifique (celle là on commence à la connaître). Pour faciliter l'apprentissage du jeunot, Odin, le papounet, envoie également sur Terre le fameux marteau qui attendra gentiment que Thor passe son examen de conscience pour ramener sa fraise au moment le plus opportun. Cette partie là du film était un peu facile, mais l'ensemble est tellement impressionnant qu'on pardonne quelques facilités scénaristiques. Thor pourra enfin sauver et la Terre, et Asgard (pourquoi? Allez voir le film!!).

Chris Hemsworth a subi une (petite) transformation pour les besoins de son nouveau rôle. D'une carrure normale avec cheveux courts dans Star Trek, il est quand même passé au cheveux longs blond bien jaune, barbe et un corps musclé digne de Schwarzennegger ou Stallone en leurs temps. Franchement méconnaissable. C'est sans parler de la différence de taille entre Hemsworth et sa partenaire Natalie Portman, à mon avis choisie de (1) parce que ça fait toujours bien d'avoir une Natalie Portman dans la distribution et (2) le gouffre divinité musclor et humaine mortelle était d'autant plus accentué– le choc. Anthony Hopkins est au drame américain ce que Sir Derek Jacobi au drame britannique, c'est à dire totalement en accord avec le personnage, le texte et la réalisation. Tom Hiddleston est un Loki parfait et les autres acteurs sont attachants, pas extrêmement connus et peut être du coup plus efficaces dans leurs rôles. La sauce prend, et le film fonctionne.

Ce qui me fait embrayer sur le scénario. Déjà que la réalisation est plus que pas mal, les scénaristes s'en sont donnés à cœur joie. Un tragique à vous couper le souffle (Odin), des anachronismes comiques (un dieu chez les humains), des références hilarantes (« C'est Tony Stark qui l'envoie? - J'en sais rien il me dit jamais rien ») tout autant qu'un intertexte maitrisé (le SHIELD, organisation que l'on retrouve dans plusieurs comics, dont le prochain Avengers. Avec qui? Thor, Iron Man et Captain America. A noter que les acteurs originaux gardent leurs rôles. Je trouve cette cohérence tout bonnement géniale, on sent que c'est pour le public et non pas juste pour faire un film). Côtés effets-spéciaux et scènes d'actions, là aussi Branagh nous montre qu'il maîtrise son sujet. Elles ne prennent pas trop de place dans l'histoire et sont spectaculaires; un passage obligé.

C'était peut être sans conviction que j'allais voir Thor, encore un comics, encore des batailles grandiloquentes. C'était peut être aussi plus pour voir ce dont Branagh était capable dans un autre registre. Je ne suis absolument pas déçue, j'en redemande même. Et ce qui est sûr, c'est que vous n'allez pas être déçu non plus!

mardi 3 mai 2011

Source Code


Source Code est un film de science-fiction simili réaliste dont le personnage principal, le Capitaine Colter Stevens (Jake Gyllenhaal) évolue dans le code source. C'est quoi cette bête encore? Cette nouvelle technologie a été envisagée pour déjouer des attentats et autres catastrophes. Comment donc? Le code source est en fait la reproduction des huit dernières minutes de la vie d'une personne, toujours présentes dans la mémoire après le décès. Le film constitue en fait la première mission qui validera le potentiel de cette technologie. Stevens aura pour but de déjouer un attentat et ce, en trouvant le terroriste responsable. Pour ce faire, il sera transporté dans le code source et amené à revivre les 8 dernières minutes d'un des passagers du train explosé plus tôt dans la matinée.

Intrigue très bien ficelée qui me laisse tout de même perplexe, sûrement à cause d'un sentiment de déjà-vu (sans mauvais jeu de mot). Effectivement Source Code est une sauce légère aux ingrédients multiples (un peu de Déjà Vu pour le sujet même du film, un peu de Matrix pour les câbles, les mondes parallèles et la capsule de Jake). Le film étaye cependant une esthétique louable, sans fioritures et trop de clinquant. L'explosion, vu sous différents angles à mesure que l'on revit les événements, est toujours différente et ne plonge pas dans le spectaculaire non plus. Il y a de l'action sans en avoir, c'est troublant. En tout cas ça fait du bien.

Jake Gyllenhaal est clairement le maître du jeu, le film est focalisé sur lui. Quand il rentre dans le code source, c'est lui qui donne le rythme à sa partenaire Michelle Monaghan. Il s'adapte vite à sa mission et s'entiche de la belle (le tout un peu trop vite à mon goût). Mais bon, le film ne fait qu'une heure et demi, le pauvre n'a que huit (des fois longues) minutes pour déjouer un prochain attentat, faire du charme, et régler ses problèmes personnels. C'est qu'il est productif le Jake en huit minutes!

Source Code reste un film à tendance 'familial' (voir la fin), le méchant n'est pas machiavélique – à tendance soupe au lait, la belle est belle, l'amie est fidèle et le héros très héroïque. Ne remuez pas trop votre cerveau, tout est bien expliqué. J'accorde qu'un élément n'était pas évident à trouver (où est Stevens en réalité). Le film ne surprend pas mais détend grandement.