vendredi 8 juillet 2011

Mémoires d'une dame de cour dans la Cité Interdite



JIN Yi était un jeune historien chinois quand il rencontra He Rong Er, une ancienne dame de cour de l'impératrice douairière Cixi devenue femme de ménage quand sa carrière au palais eut été terminée. Bien que vivant recluse et très pudique, He Rong Er se confia à JIN Yi, ces deux personnes devenant amies au cours du temps. Le jeune homme, l'auteur-transcripteur, a ainsi recueilli les souvenirs de la vieille dame de cour et a constitué ces mémoires, qui forment un témoignage authentique de la vie à la Cité Interdite au début du XXè siècle.

Ces mémoires sont divisées en quatre parties. Tout d'abord, les généralités de La vie des femmes de cour, puis La vie quotidienne de l'impératrice douairière Cixi, Le petit et le grand remplissage des greniers qui relate la vie au palais d'Eté, et enfin La vie de He Rong Er avec l'eunuque Liu, une partie malheureusement très courte. La préface commence par une citation forte, et importante, de l'héroïne, « Je suis tombée du ciel. Seulement, au lieu de mettre pied à terre, j'ai atterri directement dans les latrines », pour résumer sa vie. 
 
La vie d'une femme de cour n'est pas de tout repos, même si servir l'impératrice peut être gratifiant. He Rong Er est entrée au service du palais à l'âge de treize ans. Traditionnellement les jeunes filles choisies ne quittent jamais le palais jusqu'à leur vingt-cinq ans âge auquel elles sont renvoyées dans leurs familles pour être mariées. Sauf pour l'héroïne, qui a pu déroger à la règle. Son rôle auprès de l'impératrice? La servir à fumer. D'un point de vue plus général, les dames de cour, ou les eunuques d'ailleurs, devaient être efficaces sans prononcer un mot. La moindre erreur se payait cher et ils devaient être rigoureux. 
 
J'ai été captivée par ce récit. Même si ces mémoires ont été transcrites par JIN Yi et ensuite traduites du chinois, une intimité entre cette femme et le lecteur s'installe. Par ailleurs, les mystères entourant la vie à l'intérieur de la Cité Interdite ont toujours fasciné, sinon titillé la curiosité des occidentaux. Ce livre permet de lever un léger voile sur les-dits mystères. On en apprend plus (même si on s'en doutait) sur le protocole établi autour de l'impératrice ou de l'empereur. Ce qui est assez surprenant, c'est le décalage entre Orient et Occident à l'aube du XXè siècle. Une lecture simplement fascinante.


Deux extraits :

« L'entrée au palais des Beautés
L'été de mes 13 ans, à la veille de la fête de Mai, Nei Wu Fu, le ministère de l'Intérieur, envoya un agent chez moi, annonçant à mes parents que j'avais été choisie. Avant d'entrer au palais, on m'avait appris les règles fondamentales de la cour. Un matin, mes parents m'accompagnèrent à la cour, puis, vers midi, me ramenèrent à la maison. J'ai compris par la suite que cela faisait partie de la stratégie du ministère de l'Intérieur: petit à petit, nous nous accoutumions au palais, nous oubliions la maison, et la séparation avec le milieu familial devenait moins douloureuse. Quelques jours plus tard, mes parents et mes frères sortirent de la maison et me laissèrent seule. Un palanquin vint me chercher et me conduisit devant Sheng Wu Meng, la porte des Dieux de la Guerre. Nous étions une trentaine. Avec trois autres filles de mon âge, je fus conduite par de vieux eunuques à Xu Xiu Gong, le palais des Beautés. Nous dûmes nous agenouiller devant l'impératrice douairière, dans le palais où elle dormait. Dès cet instant, nous étions dames de cour du palais des Beautés. » p.33.


« Deux choses me semblaient extraordinaires dans le palais : la première est qu'il n'y avait pas une seule cheminée dans ces milliers de maisons. On avait peur des incendies. On ne pouvait utiliser que du charbon de bois. Tout le palais était construit au-dessus d'immenses sous-sols, tout comme les maisons ont aujourd'hui des caves. En hiver, les eunuques mettaient du charbon de bois dans de grosses charrettes en fer et les poussaient jusque dans le sous-sol. Ils allumaient un feu qui réchauffait toutes les maisons. Ceux qui vivaient en haut avaient l'impression d'être sur des lits de brique réchauffés. La deuxième était qu'il n'y avait pas de toilettes dans le palais. Les eunuques déposaient des cendres de charbon de bois dans des seaux. Lorsqu'il s'agissait de « grands besoins », on utilisait des pots couverts de charbon. Les cendres de charbon empêchaient les mauvaises odeurs de se répandre dans le palais. Lorsque l'impératrice appelait la « maison des mandarins », on comprenait qu'elle voulait répondre à ses besoins naturels. Les Mandchous appelaient les pots de chambre des familles nobles les « maisons des mandarins ».» p.86

dimanche 3 juillet 2011

Fête du Cinéma 2011

Du 25 Juin au 1er Juillet 2011. Six jours, cinq films. Petite rétrospective.


Blue Valentine 

Michelle Williams et Ryan Gosling s'aiment et se déchirent dans ce drame intimiste qui mêle deux époques différentes. Sont montées en parallèle les deux phases importantes du couple : le début de leur relation et leur descente aux enfers. On ne sort pas tout à fait indemne d'une telle séance où on assiste, impuissant, aux divergences du couple. Ce film n'aspire pas au gros budget et à la grande mise en scène, ce qui n'empêche en rien une démonstration efficace de sentiments, de profondeur et voire de malaise.

Limitless

Eddie Morra est un écrivain un peu raté qui peine à rendre quelques pages et vit n'importe comment. Cependant la chance lui sourit quand il tombe sur un ancien ami dealer qui lui promet la pilule miracle qui développe l'activité cérébrale. Il essaye et le miracle arrive. Sauf que le produit est peut être miraculeux mais aussi très dangereux, au point que sa vie, sa carrière et ses proches sont menacés. Au final Eddie se retrouve au beau milieu d'une étrange machination où il saura tirer son épingle du jeu. Par ailleurs, des éléments visuels audacieux parcourent ce film qui ne payait pas de mine au départ mais qui est somme toute fort plaisant.


Monsieur Papa

Réalisation de Kad Merad qui s'en sort plutôt bien même si l'histoire et le style comédie française restent classiques. Marie est un mère célibataire qui ne veut pas avouer la vérité sur le père de son fils Marius. Cet enfant en mal de figure paternelle fait tout pour attirer l'attention. Sa mère décide en dernier recours d'engager Robert (Kad) pour jouer le rôle du "papa retrouvé". Sauf que le gamin est moins bête qu'il n'y paraît mais profite de Robert comme d'un soutien et d'un ami, tout simplement. Bons sentiments sont de mise, accompagnés de rigolades. Une réalisation tout en finesse pour Kad Merad, un plaisir pour le spectateur.

Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence

Un Pirates sans Orlando ni Keira, certains pensent à une hérésie, moi je parle de bénédiction. Sparrow devient le héros de tous les plans, même Sirena ne pourra rien y faire. Rob Marshall est lui un réalisateur atypique pour un blockbuster de Bruckheimer. Il ne prend donc pas de risques, et se cantonne aux schémas des trois premiers sans affirmer sa différence. Par contre, la 'patte' Marshall se retrouve lors d'une très belle scène de danse entre Depp et Cruz. Bref, un volet agréable non exceptionnel pour une histoire sans originalité majeure et peut être intérêt, sauf de retrouver Depp dans la peau de Jack et l'univers Pirates des Caraïbes.
Transformers 3

Transformers est une franchise de films tirés en longueur, ce qui en fait une forme de film hybride où la philosophie Optimusienne se mêle à des scènes d'action sur-vitaminées, et parfois même trop (comme dans le 2). On sent pour ce volume une sorte de balance. Les scènes improbables sont reléguées à la fin, ce qui a pu ralentir les 2h35 de bobine même si ce n'était pas une mauvaise chose puisque ça change des explosions à la minute. Déjà qu'on a pas pu se débarrasser de la potiche...Un avis mitigé au final. Mais espérons qu'un 4 n'est tout de même pas prévu.