dimanche 20 février 2011

Carmilla



Même si « officiellement » le gothique s'arrête dans les années 1820, Carmilla (1872) reste dans la vaine de cette tendance et ça se voit tout de suite. Carmilla ne déroge pas à la règle : château, contrée lointaine, forêt ou jeunes filles resplendissantes, voici les caractéristiques de la littérature gothique que l'on peut retrouver dans cette novella (petit roman). Le fantastique est d'ailleurs largement influencé par le gothique, l'époque victorienne n'est en rien un obstacle, les caractéristiques sont juste déviées. Le fantastique est en fait un genre hybride qui prend ses ingrédients dans différents courants.

La 'narrative frame' (le prologue ici) rappelle ce que plus tard Henry James utilisa pour sa propre novella, The Turn of the Screw, pour introduire le récit d'un narrateur féminin qui raconte sa mésaventure. Lequel narrateur dans Carmilla demeure extrêmement naïf et qui, malgré un récit rétrospectif, a gardé son âme de jeune fille.

Le Fanu abuse un peu du procédé « rise of expectation », qui consiste à créer un sentiment d'attente, de suspens de la part du lecteur, lequel voit repoussé à plus tard certaines parties de l'histoire. Ces parties (ou révélations en l'occurrence) ne sont au final pas si exceptionnelles. Les phrases telles que « mais je ne vous en parlerai pas tout de suite » sont lourdes et ne peuvent qu'irriter la curiosité du lecteur au lieu de l'exciter.

Évidemment, il y a le grand thème du lesbianisme qui a été vu en long et en large. Il est assez clairement étalé pour qu'on ne s'attarde pas sur le sujet. Ce n'est pas là pour faire sensation mais bien pour ajouter une part de charme, d'envoûtement au texte. L'histoire aurait peut être même été encore plus intéressante, et plus fantastique, sans la révélation de l'existence des vampires. Finalement on ne se pose plus de questions alors qu'on aurait pu mettre plus en tension le lecteur s'il avait été laissé dans le flou quant à la réelle identité de Carmilla. Même si celle-ci ne fait aucun doute, le fait qu'on y mettre un label nous éloigne de l'ambiguïté qui persistait précédemment dans l'histoire. Les peurs de Laura (le narrateur), ses rêves, étaient peut être plus intéressants quand on ne savait pas à quoi s'attendre (le lecteur implicite, parce que oui, nous autres lecteurs du 21è siècle, savons) On reste cependant dans le doute concernant l'identité de la mystérieuse destinataire de la lettre/manuscrit. Maladresse de l'auteur? Peut être, une note du traducteur explique les maladresses et les contre-sens du récit.

En ce qui concerne l'intertextualité de la novella, notons une référence à la comtesse Élisabeth Bathory, alias la comtesse sanglante. Hongroise du 17è siècle, cette femme fut condamnée pour meurtre (emmurée vivante dans son propre château). La légende dit qu'elle se baignait dans le sang de jeunes filles pour préserver sa propre beauté.

Au final, Carmilla ne laisse pas indifférent, on voit bien sûr quels éléments ont influencés les auteurs postérieurs à Le Fanu mais un retour au sources ne fait jamais de mal.



mercredi 9 février 2011

The King's Speech




First and foremost, in passing by, I wonder why the French translation is what it actually is. Le Discours d'un roi...The King's Speech. Even though it could be whatever King, we know that speech is an issue for this King. Please, translators, explain to me how your minds do function. Let' forget this point to concentrate on the film itself.

In the thirties, England has to face the death of a King (George V, played by Micheal Gambon), the rise of Hitler and the forthcoming of another war and unfortunately for Prince Albert, Duke of York (Colin Firth), the rise of broadcasting. The second heir to the throne suffers from stammer, which scare him each time he has public duties for the crown. He has tried to cure it, but in vain. As a last resort, his always-supportive wife (Helena Bonham Carter) calls a speech therapist named Lionel Logue (Geoffrey Rush) to help “Bertie.” Logue's unorthodox methods will puzzle His Royal Highness, and yet they will prove themselves to be quite efficient. Together, as a team, as friends, they will try to overcome Bertie's stammering and his lack of confidence in himself and in his ability to be King.

I am still overflowed with emotion but I think it is legitimate considering the masterpiece I have just seen. You might say it is only because I have just seen Colin Firth but I can be trustworthy from time to time. Colin Firth gives us for sure an intense interpretation of this man whose life has been dictated by rules and harshness. This film may not entirely stick to reality, however one must admit the efficiency with which the characters are displayed, the efficiency with which the audience gets involved in the story, from the beginning to the end. You feel indeed Prince Albert's fears, pains or victories as if you were just at his place. I think that is part of the strength of this film to enable its audience such a wide range of emotion, from laughs to tears.

Tom Hooper have treated Duke of York's stammering with humility and great intensity. That does not mean that he directed a grave and serious film. It is indeed because of what is at stake to this man, a proof of his value. However there is something else, there is actually Bertie's ability to make constantly fun of his handicap, there is the support of a wife, there is a wish to a normal life. Colin Firth has again proven himself an admirable actor and above all a very moving one. Helena Bonham Carter mixes strength of mind and delicacy, and Geoffrey Rush acts, as usual, with restrain to develop all the potential of his character, sometimes friendly, sometimes fun, always willing to do the best.

This paragraph will be devoted to those of you who like-love-are crazy about the 1995 BBC version of Pride and Prejudice. Obviously you will have noticed the presence of Colin “Darcy” Firth in the film but, have you recognised Jennifer “Lizzie” Ehle as Myrtle Logue ?! I have, and I can't express how happy I was of their actual meeting near the end. Darcy and Lizzie at last together again since 1995 ! All right, I deserve what you are saying-thinking...

lundi 7 février 2011

Amour et érotisme dans la sculpture romane



Les miniatures qui décorent les églises n'ont l'air de rien au départ, et puis on les regarde d'un peu plus près. Notre regard les passe en revue et soudain il s'arrête. On se dit que quelque chose cloche, peut être a-t-on mal vu. Non, c'est bien deux personnages qui s'accouplent, sculptés sur une église. A partir de là les questions fusent, et Pierre-Louis Giannerini est là pour tenter d'y répondre dans son essai sobrement intitulé Amour et érotisme dans la sculpture romane. Son but n'est pas de donner des réponses mais bien de nous faire porter un nouveau regard sur le Moyen-Age et les mœurs de l'époque. Au travers de chapitres bien définis, l'auteur passera en revu les points essentiels – avec son bagage d'historien – pour essayer de faire comprendre au public la présence des ses figures particulières. 
 
L'écriture de Pierre-Louis Giannerini est simple, un savoir préalable n'est pas (toujours) nécessaire à la bonne compréhension de l'essai, ce qui est plutôt une bonne chose pour les néophytes. Tout son essai est incrusté d'extraits de la Bible, de chants ou d'autres ouvrages historiques. On retrouve aussi de façon incontournables des photos ou dessins de ces fameuses sculptures. Je trouve dommage cependant que ces photos ou dessins ne soient pas mieux exploitées par des explications plus précises par exemple. Elles sont cités comme références aux textes mais dans certains cas on ne voit pas en quoi justement elles illustrent le passage en question. Ce serait le seul bémol que je trouverai à cet ouvrage qui est après tout très intéressant et très enrichissant. On apprend des choses étonnantes sur les mœurs du clergé, ou la vision de la sexualité à travers les siècles, ou encore de l'influence des pays lointain. Imaginez les moines en « conseillers sexologues » ou des messes où le silence était inconcevable!

Ça vaut le détour, merci à La Louve éditions, à M. Giannerini, à Nota Bene.



jeudi 3 février 2011

Sherlock




Avez vous vu la nouvelle adaptation des aventures de Sherlock Holmes ? Diffusée sur France 4, la série fait parler d'elle. Le succès doit sans aucun doute être au rendez-vous puisque la chaîne la rediffuse déjà. Sherlock -- de son petit nom -- est au format des séries policières anglaises comme Barbaby, où les saisons peuvent compter seulement trois épisodes et durer 1h30. Une série formée de téléfilms en fait.

Oubliez le 19è siècle, oubliez la pipe. Ce Sherlock là est on ne peut plus moderne. Suite aux événements historiques mondiaux récents, Watson revient également d'Afghanistan dans cette version là. Pratique..mais aussi le seul regret que je peux trouver à ce facteur par l'introduction d'images de guerre pour présenter Watson.

La mise en scène est originale : ses réflexions, calculs ou textos apparaissent à l'écran sous forme de phrases, de bribes: une bonne idée! Ensuite, la musique joue, je pense, un rôle important dans la réussite de la série par la façon dont elle rythme parfaitement les étapes de l'enquête.

Un peu comme le Sherlock joué au cinéma par Robert Downey Jr., celui de Benedict Cumberbatch est anxieux, un peu déjanté, bordélique mais toujours bien habillé. Ce rôle lui va comme un gant !

L'interprétation peut choquer, perturber mais une fois lancé dans l'épisode, dans l'enquête, je persiste en disant que le rythme, les personnages nous embarquent et nous font totalement adhérer à cette version de Sherlock Holmes. C'est décalé, pas toujours très fidèle diront les puristes mais au final c'est toujours ce cher Sherlock, à la merveilleuse perspicacité.

Une très bonne adaptation au final. Une fois regardé vous ne pourrez plus décrocher!






mercredi 2 février 2011

Les Chemins de la liberté



Les Chemins de la liberté est un très beau film que je vous recommande, autant pour son histoire que pour ses images magnifiques. Le principal est là mais attendez tout de même les détails.

C'est l'histoire de l'évasion d'un groupe prisonniers (pour la plupart innocent) d'un goulag en Sibérie. Ils seront prêt à tout pour fuir l'oppression du régime communiste, jusqu'à s'évader vers l'inconnu. Ils se lanceront, à pied sur environ 6500 km (si je ne me trompe pas) de la Sibérie jusqu'en Inde, en passant par le Tibet et l'Himalaya. Froid glacial, forêt d'été, désert aride, montagne enneigé à nouveau; ils passeront par toutes les météo possibles sans vivres, sans eau, etc..juste le minimum et ce que la Nature pourra leur prodiguer.

On ne peut que être impressionné par ce que ces hommes (et une femme en cours de route) ont vécu. On ne peut qu'admirer leur force morale – et physique – pour survivre et surtout être libre. Parce que oui, une fois encore c'est une histoire vraie, même si le film est l'adaptation d'un livre.

Bravo à Peter Weir et ses acteurs dont on peut confirmer Jim Sturgess comme acteur de premier plan. Ed Harris est fidèle à lui même, sa performance est égale aux précédentes. Colin Farrell de son côté se voit confier un rôle de semi-composition dans lequel je l'ai rarement vu..Pour ne citer qu'eux bien sûr.