mercredi 20 avril 2011

Philibert

LA CRITIQUE ÉCLAIR



Jouvenceau niais à la chevelure blonde et au corps sculpté sous de magnifiques collants colorés, Philibert (Jérémie Renier, parfait!) n'est pas à sa place dans une ferme d'artichauts. Et pour cause, à la mort de son «père», il apprend enfin la vérité. Il est en réalité Philibert Bérendourt de Saint-Avoise, quel nom suave typiquement 16è siècle version parodie de films de cape et d'épées.

Le jeune héros décide alors d'accomplir sa destinée, se venger de la mort de son vrai père en tuant le Bourguignon à la tache en forme de rose (Alexandre Astier, toujours aussi génial). En chemin, il rencontrera Martin (Manu Payet, qui affirme son capital comique) qui tantôt sera un brigand, tantôt son ami. Il ne faudrait pas oublier Inès (Elodie Navarre, vaillante et amoureuse), le belle qui fait tourner la tête de Philibert!

Le truc avec les parodies, c'est qu'il faut aimer le genre pour apprécier un tel film. Plus important encore, il faut aimer le style de départ. Philibert est au film de cap et d'épées, ce qu'Hubert Bonisseur de la Bath est au film d'espionnage : décalé, ridicule et terriblement désopilant. Il n'y a pas seulement de bon gags, il y a surtout que Sylvain Fusée, le réalisateur, a gardé des détails propres au genre, comme la fameuse course en accéléré. Un petit régal.

jeudi 7 avril 2011

Sucker Punch


Le dernier ovni cinématographique en date est signé par le talentueux Zack Snyder. Celui même qui nous avait déjà ébloui les mirettes avec 300, celui qui nous a fait réfléchir avec Watchmen, et enfin celui qui a su nous émouvoir avec Le Royaume de Ga'Hoole. Sauf que là, le jeune Zack est seul maître à la barre du scénario (300 et Watchmen sont des œuvres graphiques, Ga'Hoole une série de romans) pour nous faire rêver encore une fois. C'est le cas de le dire, puisque Sucker Punch évolue sur trois niveaux différents, à la manière d'Inception, sauf que là, tout le monde est bien réveillé.

Le film s'ouvre sur un remix de Sweet Dreams façon Manson, il n'y a alors presque aucun dialogue. La musique, très forte, est au premier plan, ce qui nous fait plus penser à un clip qu'à un long métrage. Ce modèle est récurrent pour toute la durée du film, la musique ayant un rôle prépondérant; mais j'y reviendrai. A nouveau, Snyder nous éblouit par l'impressionnante qualité visuelle de son film.

Babydoll (Emily Browning) se fait interner par son beau-père dans un asile sombre et insalubre. Pour survivre, elle se réfugie – et nous entraîne – dans un univers fantasmagorique où l'asile se transforme en cabaret-maison close. Les tons grisâtre du film noir sont remplacés par le jazzy du début 19è siècle. C'est à ce moment que notre héroïne rencontre ses quatre acolytes : Rocket, Amber, Blondie et Sweet Pea (Jena Malone, Jamie Chung, Vanessa Hudgens et Abbie Cornish). Sauf que Babydoll ne compte pas s'éterniser dans ces lieux. 

Babydoll est un peu particulière, quand elle danse, elle hypnotise son public et est transportée par la même occasion dans un autre univers imaginaire (c'est là qu'on commence à perdre le fil). Elle y rencontre un vieux sage qui l'aidera dans sa quête de liberté. Le hic: armé d'un sabre, d'un flingue et de talons hauts, Babydoll va affronter des robots-ninjas géants sur musique endiablée. Rien à redire sur les qualités visuelles: c'est rythmé, c'est de l'action à l'état pur, mais c'est vraiment tarabiscoté. Heureusement, au fur et à mesure que le film se dévoile, on comprend l'idée générale et surtout on voit là où Snyder voulait en venir même si c'est un peu...maladroit, admettons-le.

Pour pouvoir s'échapper, ces amies de fortune devront franchir plusieurs étapes, qui seront symbolisées par des combats de haute voltige sous la direction du sage. Après les ninjas, il y aura les nazis, les monstres aux masques recyclés du Seigneur des Anneaux et les robots futuristes de I, Robot. Véridique. Où va-t-il chercher tout ça? Ces scènes militarisées remplacent et symbolisent les dangereux coups fourrées qu'elles devront accomplir. Finalement, trop de styles différents sont mélangés. Cela reste une bonne idée mais au final les scènes sont quand même nombreuses et rapides. Du coup le spectateur se perd et n'a pas le temps d'apprécier.

Avis partagé sur ce film qui, comme je le disais est visuellement impeccable et impressionnant mais qui a du mal a tisser correctement les fils de son histoire. Toute la partie d'ouverture du film façon clip est géniale. Malheureusement pour lui, Sucker Punch est doté d'un doublage tout simplement à chier qui ne fait rien pour arranger le côté bancal de l'intrigue. Mention spéciale aux actrices qui font ce qui leur est demandé, à savoir de gentiment montrer leurs formes. Sinon Snyder a essayé de distiller un peu de philosophie: on a tous un ange gardien. C'est chouette.

mardi 5 avril 2011

The Strange Case of Dr. Jekyll and Mr. Hyde



  • Un peu de contexte
Tous les ans à la période de Noël, les journaux anglais publiaient des « Christmas Crawlers », des nouvelles ou novellas aux histoires sombres, tel que le célèbre « A Christmas Carol » de Dickens. A l'époque du moins, Noël était associé au surnaturel et aux histoires d'horreur, un thème imposé et prolifique pour tout auteur. En 1885, par manque d'argent, Robert Louis Stevenson imagina The Strange Case of Dr. Jekyll and Mr. Hyde. Mais par un concours de circonstances, l'affaire fut publié plus tard.

  • L'histoire en elle-même
Dr Jekyll et Mr Hyde sont connus de tous. Même si le roman n'a pas été lu, tout le monde sait de quoi il retourne. Toutefois, je n'ose pas dire de quoi il retourne exactement. Le plus dur quand on lit cette histoire, c'est de jouer le jeu du lecteur naïf qui ne sait pas réellement qui est cet étrange Edward Hyde. Le lecteur suit Mr Utterson, un avocat et ami de Henry Jekyll, qui est plus qu'intrigué par ce Hyde dont tout le monde parle et qui, par dessus tout, est nommé héritier de Jekyll. S'ajoutent à cela des témoignages de la conduite ignoble de Mr. Hyde. Utterson jouera donc les détectives afin de lever le voile sur les agissements du premier, et de protéger son ami Jekyll, intimement lié à tout cela. Du mystère en masse et des révélations très attendues par la main de Jekyll lui même dans le dernier chapitre.

  • L'écriture de Stevenson
En anglais en tout cas, il est assez difficile de s'adapter au style de Stevenson, qui utilise un vocabulaire spécifique et pas toujours très usité. Heureusement on s'habitue assez vite, cela pour, au final, une meilleure immersion dans le roman. Comme je l'ai dit plus haut, on suit un personnage en particulier, Mr Utterson. Sa vision est donc limitée, tout comme celle du lecteur. Celui devra se contenter de suivre les pistes et les hypothèses de l'avocat. La relecture, comme dans toute histoire de détective ou d'apprenti détective, permettra au lecteur de voir les indices parsemés par Stevenson tout au long du récit. Dans le même style, Lolita est une merveille. Mais ce n'est pas tout, l'auteur mélange les points de vue et les genres. Ainsi, le fantastique se mêle aux prémices de la science-fiction (après tout, Jekyll expérimente aussi).

  • Les thèmes
Plusieurs thèmes s'entrecroisent dans The Strange Case of Dr. Jekyll and Mr. Hyde, tels que la duplicité, la répression de sentiments et voire d'une personnalité, ou les apparences. Mais j'en ai déjà peut être trop dit.

  • Petit avis personnel
On connaît tellement l'histoire que, d'une certaine façon, il est très difficile de faire en sorte d'être naïf. Pourtant, même si l'histoire est classique, le passage par l'original est indispensable, surtout que Stevenson mélange les narrateurs et les points de vues. Au final, ce petit roman n'est pas si anodin et mérite qu'on s'y attarde un peu.

vendredi 1 avril 2011

Never Let Me Go


Never Let Me Go is another novel by Kazuo Ishiguro which has turned into a film (see Remains of the Day with Emma Thompson). The production reflects the story, the sobriety with which Mark Romanek has directed this story only reinforces the beauty of it. This modest British production proves to be of quality, so much so that the cast is perfect – as well as their interpretations – and I am not afraid of these strong words when dealing with this film. I did not imagined it would give me such emotions in the end. Even outside the cinema I was not able to collect my wits.

This is the story of three young persons. Kathy, Ruth and Tommy (Carey Mulligan, Keira Knightley and Andrew Garfield) who live in a traditional British boarding school inside which they have to follow strict healthy rules, for their own good. One teacher only (Sally Hawkins) dares to explain them the true purpose of their existence, of their doings in Hailsham. In other words, they became aware of their short and doomed destiny. Three stages follow one another: young adolescence, young adulthood and confirmed adulthood where real order is restored. The lives of these three persons are, as Kathy says,“interwoven,” motivated by love and friendship. Despite these links, years have passed without their seeing each other, and yet ten years later Destiny has chosen to unite them again.

Not only destiny and free will are challenged here, but the nature of things, the ability to define oneself. Who are they? What are they exactly? Nobody could really explain it to them, nobody wanted to in fact. Kathy is the one who understands her feelings, who knows how to face life. She is the one whom we follow the tracks, sharing every one of her feelings. To me Ruth and Tommy desperately want to find a meaning to their lives without the capacity of truly reaching it. Or perhaps too late, though. The latter two have been mislead, to the great displeasure of Kathy. Revelations came too late in their existence, which only increase the cruel fate they have to confront themselves with. Ruth, a complex character, nevertheless undertakes a kind of redemption for what she has done, offering at the same time a thwarted second chance for Kathy and Tommy to live their love.

You can find on IMDB this beautiful line from Kathy:
I come here and imagine that this is the spot where everything I've lost since my childhood is washed out. I tell myself, if that were true, and I waited long enough then a tiny figure would appear on the horizon across the field and gradually get larger until I'd see it was Tommy. He'd wave. And maybe call. I don't know if the fantasy go beyond that, I can't let it. I remind myself I was lucky to have had any time with him at all. What I'm not sure about, is if our lives have been so different from the lives of the people we save. We all complete. Maybe none of us really understand what we've lived through, or feel we've had enough time.