mardi 6 août 2013

Les Yeux jaunes des crocodiles




Journal de bord d'une lecture

Un billet, une note, une critique d'un autre genre qui voit le jour ce soir, sur la terrasse abritée mais qui laisse tout le loisirs de profiter d'un vent bienvenu rafraichissant après une autre journée bien ensoleillée de ce mois d'août 2013. Une idée m'est venue, peut être existe-t-elle déjà, je n'ai pas pris la peine de chercher; c'est de tenir une sorte de journal de lecture, au jour le jour. Quelles impressions suivent la découverte de personnages lors de la première lecture. L'idée n'a pas germé par hasard. Le roman de Pancol est assez épais, quelques 640 pages et pour rédiger une note après la lecture, j'avais peur d'avoir oublié bon nombre de détails et d'impressions.

Au commencement était la présentation des personnages, des univers, des petites choses que l'auteur dévoile dès les premières pages pour accrocher le lecteur: le fameux contrat de lecture. Pour Les Yeux jaunes des crocodiles, le contrat met un paquet de pages à s'établir, non pas les 30 habituelles qui permettent de décider si l'on va poursuivre ou non la lecture mais plutôt une centaine. Parce que ce roman englobe plusieurs héroïnes. Joséphine, Iris, Henriette, Josiane, sans oublier leurs conjoints respectifs. Une scène « d'ouverture » in medias res de ces femmes qui n'ont de prime abord rien en commun. Les premières pages n'étaient, je dois l'avouer, pas enthousiasmantes. C'est bien plus tard que l'on comprend la dimension du roman, en filigrane. Ces femmes sont en fait toutes intimement liées. Filles, mères, sœurs, maîtresses vivent chacune des déboires existentiels. Parce que c'est bien de leur capacité à se définir qui importe, les sentiments viennent ensuite. Se sentir aimé, se (re)construire après une rupture ou simplement exister dans un couple sont des questions traitées par Katherine Pancol à travers ses héroïnes. Les hommes ne sont pas en reste car les compagnons sont également sur la sellette. Eux aussi ont des craintes, des désirs et cherchent à évoluer. 

Je suis à la page 285 maintenant et elles ont déjà bien évolué, tout n'a pas encore été dévoilé, il reste encore bien du chemin à parcourir. Je ne dévoilerai rien de l'évolution de l'intrigue, ce n'est pas le but. 285 pages et je suis déjà un peu accro à ce livre, à cette histoire où tout s'entremêle. Les liens se tissent au fur et à mesure, les ponts se construisent entre les personnages. C'est à Joséphine que je m'identifie le plus, cette médiéviste chercheuse au CNRS qui traduit pour subsister, qui s'épanouit dans des fantasmes mais se torture l'esprit par manque d'assurance. 

Deux jours plus tard. Deux jours où je n'ai décroché mes yeux de ces pages.

En un coup de baguette magique, me voilà déjà à la fin! Ce n'est pas que le roman est palpitant, ce n'est pas un policier à suspense, juste une ronde autour de Joséphine. Ses amours, ses envies, ses emmerdes, et on ne s'en lasse pas! La preuve, on ne veut plus la quitter, elle est son entourage des fois attachant, des fois irritant. Sa sœur Iris et sa fille Hortense en tête pour l'irritation. Philippe et Zoé pour l'attachement. Tout n'est pas merveilleux non plus. Certaines intrigues me laissent pantoise parce que trop abracadabrantesque, je fais référence à l'énigme Shirley/Royal family qui dénote un peu, ainsi que Mick Jagger au téléphone avec Hortense... La fin est un peu bâclée aussi, certains personnages sont laissés sans nouvelles, peut être faut-il attendre La Valse lente des tortues?

L'écriture de Pancol est originale, dans le sens où elle mélange discours libre des personnages, leurs pensées avec le discours du narrateur. Au sein d'un même paragraphe on peut donc avoir les pensées de Joséphine à la première personne avec un commentaire du narrateur. Ça peut être troublant au départ et puis on s'habitue très facilement. Ensuite grâce sans doute à son écriture simple, sans fioritures mais fluide et entraînante, je ne décroche pas, je reste happée dans cette histoire subjuguée, comme Antoine, par les yeux jaunes des crocodiles.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire