Sex and violence for free.
Lou Ford, notre héros, est un « officier de la loi » de la ville de Central City. Policier au grand cœur et à la gueule d'ange – celle de Casey Affleck, il est apprécié de tous. Son côté sombre nous est dévoilé pour la première fois lors de sa rencontre avec Joyce Lakeland (Jessica Alba), une prostituée livrant ses services aux abords de la ville. Après une petite altercation musclée, Lou se met à la battre tout en y prenant un plaisir malsain. On se demande quand sera-t-il satisfait, rassasié. Il s'excuse ensuite et, au grand étonnement de tout le public, Joyce s'offre à lui. Nait alors une relation amoureuse entre les deux qui les rend apparemment très heureux. Sauf que Lou a une idée derrière la tête... Une enquête s'ouvrira et Lou devra tout faire pour ne pas se faire prendre. L'instinct de survie primera. La gueule d'ange dissimulant le démon avait une autre fiancée dans les environs, Amy Stanton (Kate Hudson). Prêt à se marier, Lou confie néanmoins au spectateur une autre pulsion qui le ronge...
Tout au long du film, nous suivons Lou de (très) près, il nous livre ses pensées, ainsi que ses souvenirs grâce à la voix-off de Casey Affleck au timbre particulier. Ce n'est pas sans rappeler le génial American Psycho où déjà nous suivions l'excentrique Christian « Patrick Bateman » Bale, psychopathe à ses heures. Lou souffre de graves problèmes, et ce depuis qu'il est gamin. Agressions, sadisme sexuel, violence : rien ne lui est épargné et à nous non plus par la même occasion puisque peu de choses sont suggérées. Le calme, l'acte commis de sang-froid et le plaisir de Lou rendent le film d'autant plus cru. De grosses faiblesses scénaristiques sont présentes, malgré l'accès aux pensées de Lou il reste des zones d'ombres pour le comprendre tout à fait, Joe Rothman reste un personnage ambiguë ou par exemple l'utilité de celui interprété par Bill Pullman est à discuter. Quant aux femmes, elles sont battues mais continuent d'aimer aveuglément. Même pour l'époque ce dévouement reste surprenant. Ce sont ce genre de petits détails qui font que l'on reste sur notre fin et qui rendent le film moyen alors que la matière première était extrêmement intéressante. On peut aisément expliquer le déficit informationnel par le fait que nous sommes dans la tête du « bad guy » d'où le manque d'information quant à son inculpation finale. Ce serait très réaliste en fait. Ici l'intérêt ne réside pas dans la résolution de l'affaire mais dans la psychologie de ce sociopathe. Le problème est que même celle-ci n'est pas très développée contrairement aux scènes de sexe et de violences – gratuites. Il y a peu d'indices mis à part l'assimilation sexe-violence présente depuis son enfance. Il exprime néanmoins maints regrets face à ses actes mais ne peut s'empêcher de les commettre. Les meurtres sont tout autant une obligation qu'un engrenage pour se protéger. Il sent pourtant que tout lui échappe mais croit peut être aveuglément pouvoir s'en sortir ou le réalise-t-il mais sans avoir la volonté de se préserver. Pour ma part je n'ai pas résolu cette ambiguïté. Lou nous (dé)livre donc petit à petit sa vraie nature faite de violences de plus en plus extrêmes jusqu'à un dénouement qui laisse coi tant il est abrupt et presque irréel.
The Killer Inside Me est avant tout le roman éponyme de l'américain Jim Thompson publié en 1952, traduit Le Démon dans ma peau par les éditeurs français. La question, récurrente quand il s'agit d'adaptations, est de savoir ce qui a été ôté ou changé. Peut être en apprenons-nous plus sur Lou. Si oui, pourquoi ne pas avoir encore plus exploité la voix-off?
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